Laurence Capelli redonne ses lettres de noblesse à la fripe, elle vous propose de vous habiller chic et choc avec des vêtements presque neufs, d’occasion ou vintage. A peine entré dans Le Friping, on s’y sent comme chez soi. On a le droit de fouiller partout, d’ouvrir les armoires, de regarder dans les tiroirs et surtout d’aller farfouiller tout au fond des paniers. Ça nous donne des envies de tout ! De faire la garçonne des années folles, de se prendre un pull de ski des années 80, vous savez celui avec les sapins en jacquard et son petit écusson sur la poitrine… On se trouve une petite robe, jaune pétant, parfaite pour une soirée entre amies et on se la joue Zizi Jeanmaire, un boa tout plein de plumes à la main. C’est la fête, c’est l’abondance… Presque l’ivresse.
Les prix ?
Ici, on ne regarde pas les prix. On ne voit que les couleurs. Une couleur égale un prix. Pour quelques dizaines d’euros, vous aurez vite fait de vous composer une tenue que vous pourrez compléter avec quelques petites pièces dégotées dans les malles pour un euro seulement.
Ce qui surprend chez Laurence, et qui devient rare dans une friperie, c’est que la clientèle est mixte et ça fait aussi du bien ! Un étage entier est consacré au rayon hommes et suffisamment fourni pour renouveler toute une garde-robe masculine : pantalons, pull, vestes, chaussures… Il y a de quoi s’habiller à la James Dean, comme un biker ou un dandy.
Laurence tient à préciser qu’elle ne fait pas dépôt-vente, pas la peine de lui apporter vos vieux vêtements, elle ne vous les prendra pas. Elle achète son stock essentiellement aux associations, elle chine beaucoup aussi. Un de ses petits plaisirs, c’est de trouver des vieux magasins définitivement fermés mais qui ont encore leur stock du XXème siècle ! « J’adore les vieilles marques, dit Laurence, les marques françaises qui n’existent plus mais qui avaient un vrai look et qui savaient proposer des tissus de qualité, du Brigitte Saget, par exemple. J'achète aussi dans deux ou trois friperies de Paris, surtout pour les articles vintage. Tu sais, les vieux sweats bien confortables, des Adidas ou des Nike des années 80 et même des baskets des équipes de foot américain. Les clients en raffolent !
Ici, sa clientèle se divise globalement en trois groupes : d’abord les collectionneurs qui viennent régulièrement pour des vêtements très spécifiques, viennent ensuite ceux qui cherchent des déguisements pour les fêtes ou autre. Et puis, il y a les clients classiques, ceux qui achètent pour s’habiller, tout simplement, des personnes de la région mais aussi des touristes qui reviennent d’année en année.
Le friping, une longue histoire
Le Friping de Vongy existe depuis 2004 mais il date en réalité de 1975. Laurence a repris celui que Yette avait créé à Marin. « C’est la pionnière de la fripe, ma petite Yette, je l’adorais », nous dit Laurence. « Elle avait un grand hangar où elle vendait ses vêtements d’occas’. Je l’ai connue toute petite, j’avais 13 ans. Je suis en quelque sorte sa fille spirituelle. Ma maman, qui nous faisait tous nos vêtements, a commencé à nous habiller chez elle. Du coup, elle a arrêté de coudre. »
Puis, un jour de 2003, Yette est tombée gravement malade. Elle est partie un an après. Laurence, tant attachée à elle, a repris son affaire. Elle est restée à Marin jusqu’en 2008, date à laquelle elle a dû quitter les lieux voués à la destruction. « Je cherchais un autre lieu mais j’ai choisi tout naturellement ma grange à Vongy pour y installer le Friping. Ça m’a semblé une évidence. Je voulais un lieu atypique et authentique, je voulais aussi que ça ressemble à une boutique et je cherchais à sublimer l’endroit. C’est mon mari —mon Mc Giver à moi — qui est architecte et qui m’a aidée à organiser la grange ».
Le résultat est une réussite. C’est incroyable comme on se sent bien dans cet endroit !
Une artiste dans l’âme et le bonheur de l’accueil
Au Friping, Laurence organise aussi des expos de peinture et ouvre ses portes aux artistes une à deux fois par an pour des soirées café-théâtre. Les comédiens installent leur scène dans l’enceinte principale qui peut accueillir jusqu’à 30 personnes. « Les comédiens sont devenus des amis. Pour eux, c’est un sacré exercice d’avoir le public si proche de la scène mais c’est aussi magique pour le spectateur d’être si près des acteurs. » nous dit Laurence. Et de poursuivre : « Le premier samedi du mois, j’organise aussi un goûter pour les clients, même si dans la réalité, j’offre tous les jours le café. Il y a même des dames qui apportent la tisane. On passe de bons moments ensemble. Bref, je peux dire que je m’éclate dans ce travail. J’ouvre uniquement en fin de semaine* parce qu’en dehors des heures du Friping, je me consacre à la peinture. Oui, c’est vrai, je suis une artiste dans l’âme ! »
*Jeudi, vendredi, samedi. En janvier et février, ouverture uniquement le samedi.